SOPHROLOGIE
SOPHROLOGIE ET ÉQUILIBRE DE LA PERSONNE
Le mot sophrologie vient du grec sôphrôn, qui signifie sage, sensé, et logos, discours, science. En réalité, la sophrologie n'est pas une science mais une pratique qui vise à obtenir l'équilibre harmonieux de la personne. Selon Alfonso Caycedo, neuropsychiatre espagnol, qui l'a créée en 1960, la sophrologie détermine la prise de conscience de toutes les possibilités mentales, la maîtrise des conséquences néfastes de l'environnement, la domination des pulsions, des habitudes négatives. Toutefois, comme nous le verrons, cet épanouissement n'est pas obtenu grâce au concours d'un « maître spirituel », d'un « gourou », d'un hypnotiseur, mais par la volonté même du sujet.
Le docteur Alfonso Caycedo est d'abord allé en Inde avant de s'installer à Barcelone. Pendant deux ans, il put étudier la spiritualité et la médecine des yogis et des lamas du Tibet. Auprès des sages orientaux, il eut la confirmation de l'unité de l'homme dans les deux états de réalité yan-yin, selon la dialectique chinoise ; yan étant le principe mâle, la lumière, le ciel, la spiritualité, l'activité, la pénétration ; yin le principe femelle, la complémentarité, le repos, la réception, l'absorption. Tout dans l'univers est yan et yin, dans la complémentarité et l'unité.
Cette notion a aidé le docteur Caycedo à réhabiliter la conscience d'être, dans ses différents états, chez ses patients. Il a auparavant exploré tous les états de conscience humaine – de l'état de veille au sommeil et au rêve - et leurs modifications dans un but curatif, et aussi pour renforcer les structures de la conscience, pour obtenir une vérifiable transformation vitale ».
On peut donc dire de la sophrologie qu'elle est une connaissance de la conscience, en ce sens qu'elle permet d'aller au-delà de la simple connaissance intuitive ou réflexive immédiate que l'on a de son existence, de celle des autres et, en général, du monde extérieur.
Chez le sophrologue
J'ai dit plus haut que l'inventeur de la sophrologie n'a pas voulu procéder à la manière de l'hypnotisme, afin de ne pas peser sur la volonté du sujet, mais, au contraire, favoriser la rééducation de la libre détermination de ses actes.
C'est ainsi que si l'on recourt à un sophrologue, celui-ci, selon le docteur Jacques Donnars, « ne fait que prêter sa voix, fournir un protocole, pour que le « sophronisé » établisse dans le champ de son vécu un lien spécifique qui puisse parler à son corps et aux effecteurs intérieurs qu'il s 'agit de mobiliser.
« La séance est alors précédée par un entretien dans lequel est précisée la demande : préparation à un examen, à une intervention chirurgicale, réduction de l'angoisse, perturbations sexuelles, etc., ainsi qu'une anamnèse (rappel de l'histoire d'un trouble, d'une maladie) aussi précise que possible ».
Il s'agit d'une véritable « alliance sophrologique » où la relation thérapeute-patient et patient-thérapeute joue dans les deux sens et implique la responsabilité du patient dans son effort de guérison.
Le patient se met en état de relaxation profonde, donc en position couchée, un peu comme en psychanalyse, ou s'assied confortablement dans un fauteuil. Il doit s'abandonner complètement, se décontracter, atteindre à une résolution totale de toute sa musculature et de son psychisme.
Ce stade étant atteint, le thérapeute et son patient vont agir dans le cadre défini au cours de l'entretien préalable. On reprend les directives précisées au cours de cette « alliance sophonique » en soutenant celle-ci par la contemplation 'comme en surimpression » d'une image de paix et de beauté qui soit pour le patient la plus propice possible.
Au cours de la séance le sujet passe par cinq états de conscience.
- Veille normale.
- Veille attentive à la voix et aux suggestions du praticien. Ces suggestions, ces conseils sont prononcés sur le mode terpnos logos, c'est-à-dire d'une voix douce, apaisante, monocorde, qui doit provoquer une sensation heureuse, apaisante.
- Veille particulière, toujours entretenue par la voix sur le mode terpnos-logos, afin de neutraliser toute opposition du patient, tout esprit critique. Le sophrologue sollicite ainsi le centre du sommeil, sans cependant engendrer le sommeil.
- Etat sophronique caractérisé par ce que le docteur Caycedo a appelé « la perméabilité du filtre conscient-inconscient ». Dans cet état, le sujet est apte à se représenter ses propres organes et systèmes et à les « visualiser ». il peut, dès lors, exercer une action suggestive directe sur les systèmes sympathique et parasympathique (ou neurovégétatif) impliqués, comme chacun le sait, dans de très nombreuses maladies.
- Etat de « désophronisation » qui marque le retour progressif et prudent à la veille normale et est suivi d'une discussion portant sur le déroulement de la séance.
Les séances sont enregistrées sur des bandes magnétiques et le patient doit les écouter au moins deux fois par jour. Ensuite, le but des séances étant atteint, le sujet cesse de voir le sophrologue. Il est désormais en mesure, avec un peu d'application d'entrer seul « dans sa dimension sophronique », surtout s'il est habitué, comme de nombreux lecteurs, à la pratique de la relaxation, de la méditation et de la visualisation, techniques exposées dans de précédents articles.
La visualisation, je le rappelle, consiste à se voir dans un cadre agréable, avantageux, beau, réaliste, positif. Il faut se voir dans l'unité âme-corps, conscience incarnée. Enfin, la visualisation saine implique le réalisme et non le symbolisme ; autrement dit, il faut se voit agissant dans le possible idéalisé, comme cela devrait l'être si nous étions dans la perfection.
Sophronisation autogène
Le concours du sophrologue est-il indispensable ? Indispensable, non. Mais il ne faut pas perdre de vue que c'est un conseiller prudent, en même temps qu'un technicien de son art. Mais attention ! Les séances peuvent être coûteuses. Il faut donc bien savoir où l'on va et veiller à ne pas tomber dans des organisations douteuses, sous la coupe d'un « sophrologue âpre au gain ».
A défaut d'un praticien (car ils ne sont pas très nombreux), peut-on soi-même de la sophrologie, c'est-à-dire de la sophrologie autogène ? Je n'hésite pas à répondre par l'affirmative, du moins pour tous les cas où il s 'agit d'assurer un équilibre harmonieux de la personnalité et de dominer un malaise psychique. On a vu que la sophrologie implique l'autosuggestion consciente. Dans son livre POUR SAUVEZ VOS NERFS, Robert Andréani a insisté sur cette méthode.
« Toute notre vie est changée, écrit-il, dès l'instant où nous nous efforçons d'imposer à notre inconscient des idées de calme, de force, de santé et d'optimisme lucide où nous tentons de voir la vie et de la faire voir aux autres telle qu'elle est, avec ses excellents côtés, et non pas pire qu'elle est.
« Et la méthode est tellement simple qu'elle déconcerte un grand nombre de personnes. Quoi ? Une répétition de phrases suffirait pour persuader, guérir, métamorphoser ! Pourquoi pas ?
« Il a été prouvé que l'inconscient reçoit très facilement, sans faire preuve d'aucun pouvoir critique, toutes les images et idées qui lui sont proposées ou qui lui parviennent par hasard. En s'appliquant à répéter certaines phrases, nous ne faisons donc qu'imiter un phénomène naturel et constant.
« Mais les phrases présentent des idées ou des images. Et, précisément, dans les exercices d'autosuggestion, ce sont des présentations imagées qu'il faut formuler, c'est-à-dire que le sujet doit se présenter agissant virilement, calmement, résolument et dans la clarté, ainsi qu'il souhaite être vraiment. La pratique de l'autosuggestion, considérée sous cet angle, paraît moins puérile qu'elle semble l'être de prime abord.
« Imposer à l'inconscient la prépondérance de quelques images saines, fortes, heureuses, qui chasseront les clichés d'ombre et de tristesse, n'est assurément pas un exercice insignifiant. Et puis, le bénéfice en cas de réussite est tellement grand que la méthode vaut la peine d'être essayée.
« Bien entendu, la première condition du succès, c'est de conduire chaque séance avec sérieux, en se persuadant qu'il ne s'agit pas d'une plaisanterie, mais d'un entraînement dont les effets sont extrêmement importants ».
Il est indispensable, en outre, d'accéder au pouvoir de concentration ou de développer ce pouvoir ; et enfin, pour ce qui concerne les exercices de visualisation entrant dans la sophrologie.
E.A.